Journal du voyage

Olivier va tenir un journal afin de nous rendre compte de son voyage avec My Phuong pour découvrir les différentes régions du Viêt Nam. Cette page sera enrichie au fur et à mesure de ses envois. Le voyage commence …

Viêt Nam Mon Amour

Le Journal de Voyage

Lundi 16 octobre 22h heure locale , 17h en France

Nous venons avec My Phuong, de monter dans le train en chemin pour Hanoï. Nous sommes dans un compartiment avec quatre couchettes. Le train avance cahin-caha, lentement, avec beaucoup de bruit, de chahut. My Phuong pour trouver du calme et faire la nuit, revêt un petit masque qui lui cache les yeux de la lumière. Sur les couchettes du dessus, deux dames, l’une écoute de la musique orientale vietnamienne, l’autre la radio… Souvent, elles se parlent, fort. Nous sommes dans l’ambiance.

Nous vivons un voyage extraordinaire !

Le voyage en train va durer 2 nuits et un jour, nous arriverons le 18 octobre au matin à l’aube, pour parcourir 1.380 km.

Je pense n’avoir jamais emprunté un train aussi bringuebalant, même lorsque j’étais enfant. Je crois savoir qu’il y a un wagon-restaurant en tête du train, il y serve du café ! J’adore le café lorsque j’écris. Le nouvel ordinateur est suffisamment compact et léger pour le tenir sur les genoux, aussi, je peux écrire partout. Heureusement, il y a des prises pour recharger dans le compartiment lui-même.

Nous quittons une ville située en bord de mer à 380 kilomètres au nord de Saïgon. Nous y sommes parvenus par un bus de nuit. Arrivé à 4h30 du matin, nous nous sommes rendus immédiatement, il faisait encore nuit, sur l’une de ces longues plages. Là, nous avons attendu le lever du soleil et avons pris un bain de mer dès les premières lueurs. Les Vietnamiens viennent très tôt à la mer. Dès cinq heures du matin, ils arrivent pour y faire des exercices et prendre le bain. Souvent, ils se baignent avec des ceintures munies de flotteurs, nombreux sont ceux qui ne savent pas nager. Le plus étonnant est de voir la plage se vider rapidement. À sept heures, ils n’y a plus personne !

Vers huit heures, nous avons rencontré un jeune homme qui fût l’un des collaborateurs de Chi Tuyêt. Depuis, il ne cesse de développer des techniques agricoles naturelles très proches de la permaculture. C’est un garçon très dynamique. Il a créé son domaine agricole et a déjà écrit quatre livres.

Un homme, spécialiste de la culture autochtone d’un peuple très minoritaire et que l’on ne trouve que dans cette région, nous avait rejoint. Je lui offrais mon livre. Il allait nous guider vers ce qu’il y avait de si particulier dans cette ville de pécheurs…

La suite demain…

Mardi 17 octobre 6h42 heure locale 1H42h en France

Nous sommes en chemin vers Hanoï. Je me suis réveillé de bonne heure, avant le levé du soleil. Tout le train était encore endormi, je prenais le temps à la lumière de la veilleuse, de lire les consignes, mais aussi le mot d’accueil adressé aux voyageurs. La compagnie des chemins de fer pousse cette délicate attention de traduire le document en anglais, merci ! Une lucarne sur la gauche, après le passage de la neuvième à la dixième voiture, n’est pas munie de vitre et permet de prendre des photographies. J’ignore encore que cette partie du train est réservée au personnel. Le train chahute tellement qu’il m’est presque impossible de tenir mon appareil. Je ne suis pas sûr du résultat. Le levé du jour est magnifique, au lointain, des montagnes douces et bleutées, toutes embrumées, nous disent à elles seules, l’esprit même de l’Asie. Au premier plan, des rizières souvent bordées de bananiers et de cocotiers. C’est doux à voir, c’est paisible. Des oiseaux échassiers blancs aux longues pattes, sorte d’aigrette au cou fin et sinueux, forment de petites colonies. Elles se disposent assez loin les unes des autres, comme des piquets marquant la fin d’une rizière et le début de la suivante. Les ailes largement déployées, l’aigrette survole les rizières en les rasant très bas. Je n’arrive pas à savoir si ces créatures sont des oiseaux de mer, car je la devine tout près, là juste sur ma droite dans le sens de la marche du train.

Je retourne au compartiment, le train s’éveille. Je croise un contrôleur, il dort à moitié sur sa chaise une liste à la main. Sur la liste, des noms, ceux des voyageurs, je suis certainement dessus. Je me saisis de mon téléphone et emploie une application de traduction, je lui fais lire mon message, oui, me répond-il, par un geste, le wagon-restaurant est déjà ouvert.

La vie au Viêt Nam commence à 5h. Je rassemble mon sac photographique et je me rends vers la première voiture, celle du restaurant. La publicité faisait part d’un voyage unique au monde. La publicité ne mentait pas. Un bon tiers de la voiture restaurant est encombré de cartons de toute sorte, la bonne moitié est visiblement la cuisine, faite dans le train, le reste de la voiture sont les tables pour la clientèle. Les miaulements d’un chat épuisé par des heures de voyage passé dans une cage font partie du décor. Arrivant dans une gare, le cocorico d’un coq retenti dans la voiture. J’étais surpris, sans doute, le chant provenait-il du quai, les animaux étant partout au Viêt Nam. Non, bel et bien, le volatile est avec nous, son chant manque de vigueur, il ponctue régulièrement notre progression dans une indifférence générale. Mais j’entends, c’est nouveau, le chant de la poule. Quel voyage épique, la propagande ne mentait pas.

Je passerai toute la journée et une partie de la nuit entre notre cabine et le wagon-restaurant. Les employés me connaissent maintenant, en ma présence ils finiront le trajet en chantant et en buvant du saké ! Durant tout le trajet, je n’ai presque pas dormi. Je le paierai cher le lendemain, arrivé à Hanoï.

Rappel des jours précédant notre départ pour Hanoï.

Les jours passés, nous les avons vécus à Ninh Thuän, une ville en bord de mer, à 380 kilomètres au nord de Saïgon, en direction d’Hanoï.

Dès notre arrivée, nous voilà rapidement partis pour la visite d’artisans potiers. Quelle surprise, les techniques employées sont vraiment particulières ici et sans doute propres à cette tribu minoritaire et protégée par son gouvernement. Les femmes possèdent le savoir-faire. Depuis très peu de temps, les hommes en sont aussi dépositaires, sans doute pour des raisons de survie et puis aussi ce que l’on nomme le changement… 

La terre, une fois placée au centre d’une sorte de fût de bois, le potier tourne autour du pot. Le potier est le tour ! Il s’aide d’un chiffon bien humidifié pour régulariser la pièce. Ainsi, ces artisans confectionnent toutes sortes d’ustensiles de cuisine. Ils sont aussi des sculpteurs en ce sens ou ils donnent naissance de leurs mains, à des représentations traditionnelles de la religion bouddhiste : l’éléphant, la porteuse d’eau, le visage de Bouddha, mais aussi, chose très surprenante pour nous, des sexes d’hommes en érection ! La cuisson des pièces fait appel à un savoir-faire remarquable, ou la pièce lorsqu’elle est de très grande taille est enveloppée de paille et posée sur des travées d’où monte une cuisson lente venant de braises placées avec science par le dessous. Le contrôle de la cuisson est performant et dure des heures. Je pense qu’il s’agit d’une technique millénaire encore en vigueur dans cet atelier. Puis de cet atelier, nous passons au suivant, il s’agit de celui d’une femme tisserande. Quel métier, là aussi, je n’avais jamais vu cela, des contrepoids en cailloux, des lignes de fils vraiment particulières. La navette est employée ainsi qu’une sorte de planche pour tasser les fils et rendre l’ouvrage bien serré. Le motif est parfaitement régulier, pourtant il n’y a aucun canevas, tout l’ouvrage ce fait d’expérience, de savoir faire, de mémoire !

Je n’ai pu m’empêcher de prendre une chemise traditionnelle ainsi qu’une écharpe pour Rahama. 

Nous faisions la pause du déjeuner dans un de ces restaurants populaires ou la nourriture est délicieuse. L’après-midi fut consacré aux festivités de la communauté Raglay dont les origines ne sont pas sans rappeler les coutumes indiennes. Nous finissions cette première journée, par la dégustation de galettes de riz aux fruits de mer, pêchés du jour. Des galettes chaudes, croustillantes, cuite au feu de bois. Je garderai pour toujours un souvenir ému de ces galettes !

A suivre …..

Mercredi 18 octobre

L’arrivée sur Hanoï se fit le matin avant le levé du jour.

Nous prenions la mauvaise sortie, à l’opposé de la sortie principale et traverser les rails de chemins de fer avec une valise à roulettes, les bras chargés… Ce n’est pas évident ! Après avoir fait demi-tour, notre ami Lôc était là et nous attendait.

Tuyên et Phuong, dont nous sommes les hôtes, étant encore endormis, nous en profitions pour nous rendre au centre d’Hanoï, au bord du lac nommé, je crois le « Lac de l’Épée Retrouvée ». Il y a autour de ce lac un très beau compte que je vous rapporterai bien volontiers une fois venu le temps des longues soirées d’hiver. Nous en avons fait le tour au début de la promenade, il faisait encore nuit pourtant, foule de Vietnamiens se retrouvaient autour pour courir, faire des échauffements, pratiquer de la gymnastique ou du Qi Gong, ou encore faire de la bicyclette. Il y a là des centaines de personnes qui, dès 5h du matin, font des exercices, c’est extraordinaire !

Nos amis étant réveillés, nous nous rendons chez eux. Un très bel appartement en centre-ville,

au 20ᵉ étage. Oubliez absolument le côté ̏pays en voie de développement ». 

Une fois installé, en scooter, nous filons prendre un petit-déjeuner typique d’Hanoï : des œufs de canes couvés ! Très bon. Puis, nous nous rendons à l’atelier de fleurs de nos amis, ou ils fabriquent des compositions florales, des produits de beauté, des eaux florales et des huiles essentielles, le tout dans une démarche parfaitement biologique et naturelle. Après un déjeuner dans un restaurant « branché » typique de la cuisine locale, nous finissons la journée chez un jeune couple, Tuyên et Phuong, dont l’épouse tient dans ses bras une charmante petite fille qui vient de fêter ses deux mois. Le jeune homme lance un nouveau produit, de la litière pour chat, employant des granulés végétaux, des huiles essentielles, et des nanoparticules d’argent pour ôter les mauvaises odeurs. Je ne suis pas convaincu par ce dernier ingrédient ! Toutes ces personnes ont été des collaborateurs de Chi Tuyêt et poursuivent partout l’esprit de Môt Thoang Viêt Nam.

La nuit venue, nous traversons à moins de 10 kilomètres de l’hyper-centre des quartiers entiers ultramodernes. Je ne connais pas d’équivalent en France, ni même en Europe. Le luxe Suisse est bien différent.

Des immeubles d’habitation, immenses, tout neufs, de 40 étages et plus, avec des cages d’ascenseur, comme si nous étions au siège social d’une grande entreprise. Des centaines de maisons neuves, très grandes, de plusieurs centaines de mètres carrés, dans le plus pur style néo colonial, mais sans jardin. Ces nouveaux quartiers sont à la mode occidentale, tous érigés par le groupe VIN, sur mille hectares, en plus luxueux que chez nous. Des magasins de grand standing, des Rolls-Royce, des Mercedes-Maybach, golf, lac, centres commerciaux… Étourdissant.

Par là, les Vietnamiens sortent de la misère et le prouvent au monde, mais ils perdent du même coup, cette humanité, si propre à leur culture et leur état d’âme. 

La suite demain …